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DÉRIVE / ADRIFT

ISABELLE HAYEUR

SAMEDI 17 AOÛT 2019 | 13:00
CENTRE D’ART DE PERCÉ

PREMIÈRE QUÉBÉCOISE
ŒUVRE VIDÉO

EN PRÉSENCE DE LA RÉALISATRICE ISABELLE HAYEUR

 

QUÉBEC / 2018 / 25 MIN / ŒUVRE VIDÉO

Synopsis

Dérive / Adrift a été filmée dans les eaux incertaines du Witte’s Marine Salvage à Staten Island (New York). Plus grand cimetière de bateaux de la côté Est de l’Amérique, ce lieu insolite et désolé rassemble bon nombre d’épaves en tous genres et de toutes époques : traversiers, barges, bateaux de pêche, même de vieux remorqueurs à vapeur. Les carcasses pourrissent lentement dans la boue de l’Arthur Kill, bras de mer bordé de raffineries et sur lequel circulent toujours les pétroliers. Situés près de la Chemical Coast du New Jersey et de l’ancien dépotoir Fresh Kills, ces rivages désormais toxiques, qui à l’origine abritaient marais salants, forêts et marécages d’eau douce, ont été le théâtre de nombreux désastres écologiques. Cet envers du décor nous montre aujourd’hui le côté obscur, la « face cachée » du développement industriel. Peut-être annonce-t-il aussi le naufrage de l’économie capitaliste?

Biographie

Artiste de l’image, Isabelle Hayeur est connue pour ses photographies et ses vidéos expérimentales. Elle a aussi réalisé plusieurs installations in situ ainsi que des commandes publiques.

La démarche d’Isabelle Hayeur s’inscrit dans la perspective d’une critique environnementale, urbanistique et sociale. Elle s’intéresse particulièrement aux sentiments d’aliénation, de déracinement et de désenchantement. Depuis la fin des années 1990, elle sonde les territoires qu’elle parcourt pour comprendre comment nos civilisations contemporaines investissent et façonnent leurs environnements. Elle est préoccupée par le devenir des lieux et des communautés dans le contexte sociopolitique néolibéral que nous connaissons actuellement. Son approche artistique examine les relations entre nature et culture dans un monde où leur (fausse) opposition constitue une idéologie dominante qui structure encore nos sociétés occidentales. Lorsque le principe d’utilité prime sur toutes les autres valeurs et que l’économie devient souveraine, tout est envisagé comme « ressource » à dépouiller ou comme site à occuper. Ses œuvres cherchent à montrer comment nous prenons possession des territoires et des êtres pour les adapter à nos besoins; cette logique instrumentale tend à envahir tous les champs de l’activité humaine aujourd’hui. Sa pratique artistique s’avère à la fois politique et poétique; elle dénote un constant souci de brouiller les pistes afin de mettre en relief l’ambivalence de notre rapport au monde. Tout aussi séduisantes qu’inquiétantes, ses images éveillent en nous un sentiment ambigu qui reflète notre inconfort et révèle les failles d’un système déshumanisé.

Sa pratique actuelle se rapproche de plus en plus de l’activisme. En ce moment, elle s’intéresse à la résistance citoyenne et à ceux qui luttent pour un monde meilleur, pour tous. « Penser global, agir local » est quelque chose qu’elle tente d’intégrer à ses créations en s’impliquant avec les gens qui y travaillent déjà. L’art contribue à un certain éveil, il peut transformer les mentalités et amener les gens à se mobiliser. Sa vision est un constat lucide, mais elle porte aussi en elle l’espoir que les choses peuvent changer ou se rétablir. Pour Isabelle, la création est un outil de prise de conscience, mais aussi d’émerveillement. Elle considère qu’il est important de se prononcer, de montrer, d’éduquer et de dénoncer – mais aussi d’être enchantés, touchés et emportés par la beauté de ce qui nous entoure.

Isabelle a participé à plusieurs présentations publiques importantes, entre autres au Musée d’art contemporain de Montréal, au Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa), au Massachusetts Museum of Contemporary Arts (North Adams), au Neuer Berliner Kunstverein (Berlin), au Centre culturel canadien (Paris), au Casino Luxembourg Forum d’art contemporain (Luxembourg), au Today Art Museum (Beijing), Hiroshima City Museum of Contemporary Art (Hiroshima) et aux Rencontres internationales de la photographie à Arles. Elle a fait plusieurs résidences d’artistes, dont la Rauschenberg Residency (Floride), Sitka Center for Arts and Ecology (Oregon), International Studio & Curatorial Program ISCP (New York), A Studio in the Woods / Tulane University (Nouvelle-Orléans) et au Bemis Center for Contemporary Arts (Omaha). Ses œuvres figurent dans une trentaine de collections, dont celles du Musée des beaux-arts du Canada, du Fonds national d’art contemporain à Paris, de la Art Gallery of Ontario, de la Vancouver Art Gallery, du Musée d’art contemporain de Montréal, du New Orleans Museum of Art et du Museum of Contemporary Photography de Chicago.